Favoriser un climat de classe propice aux apprentissages
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Favoriser un climat de classe propice aux apprentissages
Mis à jour le 29 novembre 2024
Vous avez dit climat de classe? Le climat de classe peut être influencé, notamment, par les réflexes de gestion de classe de la personne enseignante ainsi que par une variété de facteurs internes et externes à la dynamique du groupe. La gestion de classe, de son côté, peut se définir comme « l’ensemble des pratiques éducatives visant à créer et à maintenir un environnement positif qui favorise l’apprentissage et la réussite tout en encourageant le développement de l’autonomie et l’autocontrôle » (Garon et Chouinard, 2001). Le présent article se veut une introduction au concept de climat d’apprentissage et de gestion de classe tout en proposant quelques stratégies pour maintenir un climat positif, et ce, dans une perspective préventive (Naud et Lacourse, 2016).
L’enseignement, un « métier de relations »
Le climat de classe, un sujet large et multifactoriel
Facteurs contextuels |
Facteurs pédagogiques |
Horaire des cours Profils des personnes étudiantes Aménagement physique et technologique des locaux Le mode d'enseignement (en présence, à distance, hybride, comodal, etc.) Évènements personnels perturbateurs Etc. |
Alignement pédagogique : cohérence entre les apprentissages visés, les activités d’apprentissage et les modalités d'évaluation; Approches pédagogiques variées et adaptées Choix des situations d'apprentissage/activités La clarté des explications, des liens à faire entre les éléments de contenus, des liens avec le programme, des liens avec le plan de cours L’efficacité, la pertinence et la bienveillance de la rétroaction Des règles de classe claires, bien communiquées et appliquées avec constance et cohérence La relation/dialogue pédagogique basée sur le respect, la bienveillance, le tact Etc. |
Quelques stratégies à méditer
🍏 Le Service de pédagogie universitaire et de formation à distance (SPUFAD) de l’UQAT peut vous accompagner dans la réflexion et la mise en œuvre de différentes actions qui soutiendront un climat propice aux apprentissages dans votre cours.
La connaissance de ses étudiant·e·s
« La qualité du rapport pédagogique et humain qui s’installe entre les maîtres et les élèves dépend entre autres de leur connaissance mutuelle. » (Martineau et Gauthier, 1999)
Avant même le début de la session, intéressez-vous à votre groupe, aux personnes qui le compose. Vous vous questionnerez peut-être sur :
la place de votre cours dans le programme afin de saisir le parcours d’apprentissage de vos étudiant·e·s;
les mesures d’accommodement, s’il y a lieu, mises en place pour soutenir la réussite de vos étudiant·e·s aux besoins sociopédagogiques particuliers;
les sujets ou les notions sensibles qui pourraient engendrer des moments plus tendus;
les attentes de vos étudiant·e·s par rapport au cours;
la perception ou la conception initiale des étudiant·e·s par rapport aux savoirs abordés dans le cours;
le contexte d’étude des étudiant·e·s. Sont-iels parents? Déjà sur le marché du travail? Est-ce un retour aux études? Partagent-iels une culture différente? Est-ce qu’iels rencontrent des difficultés particulières que vous devriez savoir? Etc.
Une meilleure connaissance de vos étudiant·e·s contribuera certainement à ce que vous adaptiez vos interventions et votre animation en conséquence, tout en démontrant votre souci de prendre soin du climat qui rend possible l’enseignement-apprentissage.
Un plan de match clair
« Les bonnes consignes permettent aux étudiants de se mettre en action plus rapidement sans perdre de temps à se questionner sur la tâche à accomplir » (Zakhartchouk, 2004)
La clarté de votre planification et sa cohérence avec le plan de cours présenté est essentiel au bon climat. Ainsi, il est important de vous assurez que le plan de cours est complet, détaillé et qu’il reflète une réflexion pour un alignement pédagogique optimal. En d’autres mots, votre planification globale permet-elle de rencontrer les compétences ou objectifs spécifiques du cours? Les activités d’apprentissage sont-elles pertinentes au regard de ces objectifs? Sont-elles variées? Adaptées au contexte du cours? Avez-vous bien communiqué ce plan de match et répondu aux interrogations s’il y en avait? En effet, un élément pouvant perturbé le climat d’apprentissage, c’est quand, chez les étudiant·e·s s’installe la perception que l’improvisation s’amène dans la classe.
⚠️ Attention! L’idée ici n’est pas d’ajouter une pression supplémentaire sur vos épaules. Il est tout à fait possible, particulièrement si vous donnez un cours pour une première fois, que certains éléments liés à votre enseignement se précisent en cours de session. Pas de panique. Misez alors sur la transparence, la cohérence, la constance et la clarté autant que possible. Vous n’êtes pas infaillible et c’est parfaitement normal.
La gestion des ressources matérielles
Parmi certains facteurs pour lesquels vous pourrez anticiper les
nœuds et y remédier, la gestion des ressources matérielles en fait
partie. En effet, avant le début de la session, assurez-vous
d’identifier le local-classe dans lequel vous enseignerez et de
connaitre les différentes technologies qui y sont installées pour
enseigner. À l’UQAT, il existe des fiches technopédagogiques accessibles
en ligne pour découvrir chacun des locaux d’enseignement avec des
photos de l’endroit et de précieuses informations sur son fonctionnement. De plus, vous pouvez être accompagné·e·s dans la familiarisation des
classes par une personne de l’équipe du SPUFAD.
Par ailleurs, vous devrez tenir compte du mode d’enseignement (en présence, à distance, en comodalité, etc.) dans la planification de votre cours et dans le choix des technologies mobilisées. Ici encore, le SPUFAD peut vous accompagner dans votre réflexion et votre familiarisation avec ces technologies.
Soyez également attentif·ve·s à la configuration de la classe. Est-ce une classe offrant de la mobilité et de la flexibilité? Est-ce une classe fixe? Y a-t-il des tableaux blancs? Etc. Ces considérations vous amèneront à ajuster vos activités, à prévoir le matériel manquant, ou encore, à préconiser un environnement de classe plus adapté à vos approches pédagogiques.
Le maintien de l’attention
« Les gestionnaires habiles marquent clairement le début des transitions. Ils les orchestrent activement et minimisent la perte du momentum durant les changements d’activités. » (Doyle, 1986; Evertson, 1989)
Maintenir l’attention des étudiant·e·s peut se faire de nombreuses façons. Évidemment, il y a des motivations intrinsèques (ou un manque de motivation intrinsèque) qui amènent les étudiant·e·s à être captivé·e·s (ou non) par les contenus de votre enseignement. Toutefois, vous avez de l’emprise sur certains éléments et les suivants sauront peut-être vous pister.
Adoptez une variété d’approches pédagogiques (pédagogie active) afin de garder les étudiants en action et de favoriser leur engagement.
Fournissez de la rétroaction à votre groupe, et ce, tout au long de l’apprentissage.
Impliquez votre groupe, trouvez des stratégies pour faire participer tout le monde : jeux pour briser la glace, tour de parole ludique, donner d’avance des consignes, faire écrire aux étudiant·e·s la réponse avant de la communiquer au groupe, utiliser des télévoteurs pour favoriser la participation, etc.
Donnez des intentions d’écoute aux différentes séquences avec une tâche précise et claire à réaliser.
Marquez les temps, les débuts d’explication, les pauses, les transitions entre les contenus. Lors d’activités en sous-groupes, assurez-vous que la reprise de votre animation soit évidente, assumée.
Donnez des signaux limpides et cohérents à vos étudiant·e·s (faire des liens avec plan de cours, des liens avec le déroulement du cours, afficher le déroulement du cours, respecter les temps prévus, etc.).
Prenez conscience de votre corps et de votre voix. Marquez vos interventions par vos intonations, votre rythme, le volume de votre voix, le déplacement de votre corps dans l'espace et les gestes qui soutiennent l’explication.
Marchez votre classe! Occupez l’espace du local en sortant de la tribune invisible généralement dédiée à la personne qui enseigne. Le fait de marcher la classe vous permettra de vous approcher de certain·e·s étudiant·e·s, d’affirmer votre présence et de percevoir certains signaux que vous n’auriez pu voir autrement.
L’objectivation
La relation pédagogique constructive
Il va de soi, nourrir des relations harmonieuses empreintes de respect est la base. Les astuces qui suivent sauront témoigner de votre désir de prendre soin de vos relations pédagogiques. Évidemment, l’intention est toujours de maintenir un climat propice aux apprentissages. Il n’est donc pas question de nourrir de relations d’amitié trop familières avec les étudiant·e·s. Vous êtes la personne pédagogue en charge du groupe, vos faits et gestes doivent garder la bonne distance et être guidés par le tact
Souriez, faites preuve d’ouverture dans votre attitude.
Utilisez un langage adapté et conforme aux convenances sociales, empreint de respect.
Présumez que vos étudiant·e·s sont engagé·e·s dans leurs apprentissages et honnêtes. Vous réajusterez le cas contraire.
Au cours d’une conversation, n’hésitez pas à vous approcher de la personne étudiante ou du groupe d’étudiant·e·s, tout en respectant l’espace vital de chacun.
Employez un ton de voix et des comportements non-verbaux bienveillants et attentionnés.
Rappelez aux étudiant·e·s qu’en tant qu’enseignant·e, vous êtes là pour les aider, que vous avez leur réussite à cœur.
Posez des questions ouvertes et positives montrant que vous vous intéressez vraiment à ce qu’iels pensent, font, aiment.
Écoutez-les avec attention lorsqu’iels s’expriment, sans les interrompre.
Valorisez la pertinence et la richesse des interventions des personnes étudiantes, les points de vue différents.
Évitez de critiquer une personne devant un groupe.
Ces astuces sont tirées des modules d’autoformation du GRIIP, inspirées de Knoster (2014).
L’intervention
Bien que nous souhaitions privilégier une approche préventive, il est possible que vous deviez intervenir de façon curative si une situation problématique survient dans votre classe. Pour des moments plus tendus en classe, nous vous suggérons ces quelques pistes.
Utilisez le non-verbal et autres interventions discrètes pour corriger une situation irritante (pour éviter vous-même de perturber davantage le climat).
Votre intervention ne doit pas exacerber les comportements perturbateurs. Ainsi, si vous vous sentez trop dans l’émotion, mieux vaut prendre une pause et planifier votre intervention.
Gardez en tête qu’une règle de classe, ce n'est pas itératif. Si vous modifiez toujours en cours de route vos règles et vos consignes, vous prêtez flanc à ce que l’on vous cuisine et que l’on négocie avec vous.
Établissez vos limites afin de ne jamais vous retrouver acculé·e au pied du mur.
Évitez l’escalade : les joutes idéologiques peuvent être intéressantes, mais à un certain point, elles peuvent détériorer le climat. Pensez au reste du groupe et recadrer positivement en prenant soin de valoriser l’intervention de l’étudiant·e, de souligner sa curiosité, de lui proposer de reprendre la discussion en individuel, par exemple.
⚠️ Si vous pensez vivre une situation d’incivilité, ne restez pas seul·e avec cette situation. À l’UQAT, il existe une Politique de civilité et nous vous recommandons d’en parler à la direction de votre département et de consulter le SPUFAD pour vous accompagner dans la gestion pédagogique de cet situation.
Conclusion
En terminant, l’enseignement est une profession profondément humaine et les stratégies pour maintenir un climat propice aux apprentissages sont aussi nombreuses que complémentaires. Plusieurs facteurs sont à prendre en considération et plusieurs d’entre eux peuvent être réfléchis en amont, dans une optique de prévention. Les efforts que vous déploierez pour maintenir un climat positif auront aussi l’effet de favoriser la motivation de vos étudiant·e·s, et ultimement, de participer à soutenir la persévérance scolaire de celleux-ci. Nous vous invitons, par ailleurs, à découvrir le pertinent dossier thématique de l’ORÈS au sujet de la persévérance en enseignement supérieur.
Références
Cohen, J. (2006). Social, emotional, ethical, and academic education: creating a climate for learning, participation in democracy, and well-being. Harvard Educational Review, 76(2). 201-237.
Dubé, M. et Tardif, J. (2010). Mémento pédagogique : petit guide pour grands enseignants. UQAR.
Gaudreau, N. et De Grandpré, M. (2012). Promouvoir les comportements positifs des étudiants par une gestion de classe efficace. Le Tableau, 1(6).
Knoster, T. (2014). The Teacher’s Pocket Guide for Effective Classroom Management. Brookes.
Nault, T. et Lacourse, F. (2016). La gestion de classe : une compétence à développer (2e éd.). Les Éditions CEC.
Ménard, L. et St-Pierre, L. (2014). Se former à la pédagogie de l’enseignement supérieur. Montréal : Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC).
Nault, T. et Lacourse, F. (2008). La gestion de classe. Une compétence à développer. Les Éditions CEC.
Svinivki, M. et McKeachie, W.-J. (2011). McKeachie’s teaching Tips: Strategies, Research, and Theory for College and University Teachers. Wadsworth, Cengage Learning.
Pour citer cet article : Service de pédagogie universitaire et de formation à distance de l’UQAT (2024). Favoriser un climat de classe propice aux apprentissages. Article du site Enseigner à l’UQAT. https://enseigner.uqat.ca